Monday, May 7, 2012

gratuitous east coker: wanna know what i'm doing?

want to know what i am doing... right now, this very minute?

this:




addendum:  mdvip go-to-guy added clonazepam to my drug arsenal but it's too soon to say whether it's helping. yesterday (sunday) was the first full dose day.  due to constant clinching/declenching, my hips are sources of agony, and my knees, totally unreliable, and reluctant to bend. hard as it is for *me* to understand, i cannot expect for you to get it... but the cries and curses are a surprise -- the pain, a shock.

note that even dear dobby and dim buddy no longer respond to my whimpers. why should they? do i whine and give them a treat?  no.  do i yelp and offer a wunnerful wunnerful ear scratch?  no.  in all terms of feline / human interchange, i am a big nada zero zilch, the big nil.




So here I am, in the middle way, having had twenty years—
Twenty years largely wasted, the years of l'entre deux guerres
Trying to learn to use words, and every attempt 
Is a wholly new start, and a different kind of failure
Because one has only learnt to get the better of words
For the thing one no longer has to say, or the way in which
One is no longer disposed to say it. And so each venture
Is a new beginning, a raid on the inarticulate
With shabby equipment always deteriorating
In the general mess of imprecision of feeling,
Undisciplined squads of emotion. And what there is to conquer
By strength and submission, has already been discovered
Once or twice, or several times, by men whom one cannot hope
To emulate—but there is no competition—
There is only the fight to recover what has been lost
And found and lost again and again: and now, under conditions
That seem unpropitious. But perhaps neither gain nor loss.
For us, there is only the trying. The rest is not our business.

  Home is where one starts from. As we grow older
The world becomes stranger, the pattern more complicated
Of dead and living. Not the intense moment 
Isolated, with no before and after,
But a lifetime burning in every moment
And not the lifetime of one man only
But of old stones that cannot be deciphered.
There is a time for the evening under starlight,
A time for the evening under lamplight
(The evening with the photograph album).
Love is most nearly itself
When here and now cease to matter.

Old men ought to be explorers
Here and there does not matter
We must be still and still moving
Into another intensity
For a further union, a deeper communion
Through the dark cold and empty desolation,
The wave cry, the wind cry, the vast waters
Of the petrel and the porpoise. In my end is my beginning.
 


françois hollande: le discours au bourget

Voici l'intégralité du discours de François Hollande, prononcé au Bourget le dimanche 22 janvier:



Mes chers amis, vous qui êtes ici, vous qui me regardez de loin, de plus loin même, je suis venu vous parler de la France, et donc de la République. Je suis venu vous parler de la France qui souffre, mais aussi de la France qui espère. Je suis venu vous parler de la France d'aujourd'hui - une page est en train de s'effacer - et de la France de demain - nous sommes en train de l'écrire. Je suis venu vous parler de la France que nous allons construire le 6 mai. Je le fais ici en Seine-Saint-Denis, ce département aux multiples couleurs, le plus jeune de France, qui accumule tant de difficultés, et qui en même temps recèle tant d'atouts.
Chacune, chacun, ici, plus loin, en métropole, en Outre-mer a son histoire, ses racines, son parcours, ses préférences, sa singularité. Mais nous appartenons à la même Nation, avec ses valeurs, ses principes, sa culture, sa langue, ses institutions et nous aspirons donc au même avenir. L'enjeu de cette campagne qui commence, n'allez pas le chercher dans un affrontement partisan. L'enjeu de cette campagne va bien au-delà de nous, de la Gauche. L'enjeu de cette campagne, à trois mois du premier tour, c'est la France. C'est la France, toujours.


Hollande : "L'égalité, ce n'est pas... by publicsenat

Devant vous rassemblés, foule nombreuse, des milliers, je ressens une profonde émotion, celle d'exprimer votre conviction, votre volonté, votre espérance. Je mesure la fierté d'avoir été désigné par des primaires citoyennes comme candidat à l'élection présidentielle. J'ai conscience de la tâche qui est la mienne : incarner le changement, faire gagner la Gauche et redonner confiance à la France.
Nous sommes ici, mes chers amis, pour changer le destin de notre pays. Je suis prêt à assumer cette responsabilité et donc à vous dire quelle est ma conception de la présidence de la République, et ce qui justifie que je me présente aujourd'hui. Quelle est la plus grande mission que de présider la République française ?
Présider la République, c'est se dévouer à l'intérêt général, dont toute décision doit procéder. C'est éprouver la France par sa raison et dans son cœur. C'est prolonger l'histoire de notre pays, qui vient de loin, avant la République, avec la République, et qui a souvent, si souvent éclairé l'histoire du monde. C'est se situer à cette hauteur. C'est s'en montrer digne, partout, en tout lieu et dans tous les actes qu'exige la fonction présidentielle.
Présider la République, c'est préserver l'Etat, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d'argent, face aux clientèles, face au communautarisme. Présider la République, c'est être viscéralement attaché à la laïcité, car c'est une valeur qui libère et qui protège. Et c'est pourquoi j'inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare les Eglises de l'Etat, dans la Constitution.
Présider la République, c'est refuser que tout procède d'un seul homme, d'un seul raisonnement, d'un seul parti, qui risque d'ailleurs de devenir un clan. Présider la République, c'est élargir les droits du Parlement. C'est reconnaître les collectivités locales dans leur liberté. C'est engager un nouvel acte de la décentralisation. C'est promouvoir les partenaires sociaux. C'est reconnaître leur rôle dans la Constitution. C'est faire participer les citoyens aux grands débats qui les concernent, et le premier sera l'avenir de l'énergie en France.
Présider la République, c'est choisir les femmes, les hommes qui gouverneront la France en respectant leurs compétences, et d'abord celles du Premier ministre. Présider la République, c'est accepter de partager le pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions. C'est aussi ne pas nommer le président ou les présidents des chaînes ou des radios du service public audiovisuel et laisser cette mission à une autorité indépendante.

Présider la République, c'est démocratiser les institutions. Et j'introduirai le non-cumul des mandats pour les Parlementaires, une part de proportionnelle à l'Assemblée nationale, la parité dans l'exercice des responsabilités et le droit de vote des étrangers aux élections locales, sans rien craindre pour notre citoyenneté, pour la cohésion du pays, en mettant de côté les peurs, les frilosités et les conservatismes.   
Présider la République, c'est faire respecter les lois pour tous, partout, sans faveur pour les proches, sans faiblesse pour les puissants, en garantissant l'indépendance de la justice, en écartant toute intervention du pouvoir sur les affaires, en préservant la liberté de la presse, en protégeant ses sources d'information, en n'utilisant pas le renseignement ou la police à des fins personnelles ou politiques. Présider la République, c'est être impitoyable à l'égard de la corruption. Et malheur aux élus qui y succomberont ! Présider la République, c'est rassembler, c'est réconcilier, c'est unir, sans jamais rien perdre de la direction à suivre. C'est écarter la stigmatisation, la division, la suspicion, les oppositions entre Français, ceux qui seraient là depuis toujours, ceux qui seraient là depuis moins longtemps.
Présider la République, c'est élever et ne jamais abaisser. Présider la République, c'est être ferme, ferme y compris à l'égard de l'immigration clandestine et de ceux qui l'exploitent. Mais c'est traiter dignement les étrangers en situation régulière et ceux qui ont vocation à l'être sur la base de critères objectifs. C'est accueillir les étudiants étrangers qui veulent apprendre dans notre pays pour enrichir le leur et qui font rayonner la France. Et aucune circulaire ne doit empêcher de circuler les étudiants, les savants, les artistes qui viennent ici pour donner le meilleur d'eux-mêmes.
Présider la République, c'est porter les valeurs de la France dans le monde. C'est considérer les autres peuples pour qu'ils nous estiment en retour. C'est s'abstenir de faire la leçon, y compris sur leur place dans l'histoire. C'est ne jamais transiger avec les fondements du génie français, qui sont l'esprit de liberté, la défense des droits de l'homme, l'attachement à la diversité culturelle et à la francophonie, la belle langue de France parlée par d'autres que des Français. Présider la République, c'est ne pas inviter les dictateurs en grand appareil à Paris. Présider la République, c'est utiliser notre siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies pour acter le départ de ceux qui écrasent leur peuple, comme Bachar el-Assad en Syrie. C'est inlassablement contribuer à la paix au Proche-Orient.
Mais Présider la République, c'est savoir aussi prendre des décisions difficiles, pas simplement à la suite d'un drame. Je pense à nos morts en Afghanistan, auxquels je veux rendre hommage ici, avec émotion, avec dignité, avec respect, comme aux blessés qui souffrent dans leur chair. Je pense à leurs familles dans la peine. Je les ai écoutées. Je pense à leurs proches qui s'interrogent. Ces hommes assassinés faisaient leur devoir. Leur sacrifice suscite le respect de la Nation toute entière. Mais il faut aussi avoir la lucidité d'affirmer, au-delà du dévouement des hommes là-bas pour leur pays, que notre mission est terminée. Elle avait été engagée il y a plus de dix ans par Lionel Jospin et Jacques Chirac dans un but précis, qui était de répondre à l'attaque terroriste sur les Etats-Unis. Je l'avais pleinement approuvée. Et bien aujourd'hui, cette mission est achevée. Il est donc temps de décider le retrait qui s'impose, et je l'ai décidé de longue date. J'en assumerai donc, si les Français m'en donnent mandat, toute la responsabilité. J'en préviendrai nos alliés et je ferai en sorte que ce retrait se fasse en bon ordre, sans en aucune façon menacer la vie de nos soldats.
Présider la République enfin, c'est donner le meilleur de soi-même, sans jamais attendre en retour récompense ni même reconnaissance. C'est être ambitieux pour son pays et humble pour soi-même. C'est se donner pleinement, entièrement à la cause que l'on a choisie, la seule cause qui vaille : servir la France. Présider la République, c'est mettre toute la puissance de l'Etat au service des citoyens. C'est donner l'exemple, y compris dans son comportement et pour sa propre rémunération. Et je ne dis pas cela par facilité ou par commodité ou pour plaire, mais tout simplement parce que ce doit être un principe. Je réduirai de 30 % les indemnités du Président et des membres du gouvernement, tout simplement pour donner l'exemple au moment où, précisément, des efforts sont demandés à nos concitoyens.
Présider la République, c'est à cette fonction que je me suis préparé. J'en sais la grandeur, la dureté. Je veux le faire en étant digne de votre confiance et en restant fidèle à moi-même. Tout dans ma vie m'a préparé à cette échéance : mes engagements, mes responsabilités, mes réussites, mes épreuves. J'ai toujours suivi la ligne que je m'étais fixée.
Je suis socialiste. La Gauche, je ne l'ai pas reçue en héritage. Il m'a fallu décider lucidement d'aller vers elle. J'ai grandi en Normandie dans une famille plutôt conservatrice. Mais cette famille m'a donné la liberté de choisir, par son éducation. Je remercie mes parents. Mon père, parce qu'il avait des idées contraires aux miennes et qu'il m'a aidé à affirmer mes convictions. Ma mère, parce qu'elle avait l'âme généreuse et qu'elle m'a transmis ce qu'il est de plus beau : l'ambition d'être utile.
La Gauche, je l'ai choisie, je l'ai aimée, je l'ai rêvée avec François Mitterrand dans la conquête. La Gauche, je l'ai défendue fermement dans ses réalisations : celles de 1981, celles de 1988. La Gauche, je l'ai servie comme élu de la République, comme député. La Gauche, je l'ai dirigée avec Lionel Jospin, quand nous gouvernions ensemble le pays avec honneur et j'en revendique les avancées. Aujourd'hui, c'est moi qui vous représente. C'est moi qui porte votre espoir. C'est moi qui porte l'obligation de gagner. C'est moi qui vais dans ce combat vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps, dix ans déjà. Dix ans qu'une droite s'est installée au pouvoir et qu'elle a défait ce que nous avons construit.
Chers amis, laissez-moi vous en dire davantage. Je suis un élu de la France rurale où les agriculteurs démontrent l'excellence de leur travail sans en recevoir le revenu qu'ils méritent. Je suis de ce Limousin, de cette Corrèze où j'ai tant appris. J'ai été maire de Tulle, une ville petite par la taille, à peine 17 000 habitants, mais grande par l'histoire. Tulle a été une cité de la Résistance. Elle a souffert le martyre : 99 pendus, 200 déportés le 9 juin 1944, emportés par la barbarie nazie. Chaque année, ce 9 juin, un cortège s'ébranle dans les rues de ma ville pour rappeler la mémoire des suppliciés. Une guirlande est accrochée au balcon, là où un corps sans vie se balançait lentement. J'ai leur nom dans la tête. Ce sont mes héros. Je ne les oublierai jamais. Ils me font avancer. Ils me rappellent à chaque moment la belle leçon d'humanité de ceux qui ont sacrifié leur vie, leur vie pour notre liberté. Ces résistants n'ont pas eu de célébrité, pas de récompense, pas de médaille. Ils ne cherchaient rien, ils ne demandaient pas des bonus ou des stocks-options pour leurs actions. Ils étaient des hommes, des femmes fiers. Ce n'était pas l'ambition ou la cupidité qui les animaient. Ceux-là ont sauvé notre honneur parce qu'ils croyaient d'abord dans les valeurs de la France. Et bien c'est leur lutte qui m'éclaire aujourd'hui.
Je suis président d'un Conseil général, celui de la Corrèze. Un département célèbre pour ses personnalités politiques, mais qui est exigeant. Celui qui réussit à obtenir son soutien a au moins des qualités de cœur, même s'il n'a pas toujours raison. Rien ne m'a été donné. Ce que j'ai arraché, je l'ai conquis et je l'ai fait fructifier. J'ai déclaré ma candidature à l'élection présidentielle il y a presque un an. J'ai réussi à convaincre les électeurs des primaires citoyennes, quand bien peu imaginaient mon succès à l'origine. J'ai veillé, au lendemain de cette consultation, à rassembler tous ceux qui s'y étaient présentés, et je les salue avec affection, comme je salue Martine Aubry qui nous a permis de nous retrouver tous ensemble, et Jean-Michel Baylet qui nous apporte aussi les Radicaux de gauche.
Chers amis, si j'en suis là, c'est le fruit de cette obstination. Le hasard n'y est pour rien. C'est un aboutissement. Vous me connaissez, certains, depuis longtemps, trente ans. C'est un bail qui récompense, pour les uns et pour les autres, une fidélité et une ténacité. C'est vrai que je ne m'exhibe pas, je reste moi-même, c'est ma force. Ce que vous voyez ici, c'est ce que je suis. Je veux conquérir le pouvoir, mais je ne suis pas un vorace, je veux simplement le mettre au service des Français. Le pouvoir, j'en sais la nécessité, l'utilité, et j'en connais les dérives. Je suis placide avec ces choses, j'ai fait de l'engagement ma vie entière. J'ai sacrifié beaucoup. J'ai donné, j'ai reçu du temps, du travail, des coups, mais j'ai une cohérence, je m'y tiens, je suis constant dans mes choix. Je n'ai pas besoin de changer en permanence pour être moi-même. J'ai conscience que l'Etat, pour être efficace, appelle une direction sûre à sa tête, mais qu'il n'y a pas de réussite possible si celui qui est à la tête du pays, précisément, n'associe pas les autres, ne mobilise pas les intelligences, ne gagne pas le meilleur de ce qu'il y a dans chacun d'entre nous, ne fait pas entendre la voix du rassemblement, de la réconciliation et de l'apaisement. Je n'aime pas les honneurs, les protocoles et les palais. Je revendique une simplicité qui n'est pas une retenue, mais la marque de l'authentique autorité.
Je vais vous confier mon secret, ce secret que j'ai gardé depuis longtemps mais que vous avez sans doute découvert : j'aime les gens, quand d'autres sont fascinés par l'argent. Je prends chaque regard comme une attente, chaque visage comme une curiosité, chaque poignée de main comme une rencontre, chaque sourire comme une chance.
Je connais l'Etat pour en être issu et pour l'avoir servi de multiples façons. Certains me reprochent de n'avoir jamais été ministre. Quand je vois ceux qui le sont aujourd'hui, cela me rassure ! Ce sont les mêmes qui reprochaient en son temps à François Mitterrand de l'avoir été onze fois ! Et dois-je rappeler, en gardant la comparaison, que Georges Clémenceau ne devint ministre et président du Conseil qu'à 65 ans ? Mais je n'attendrai pas jusque-là, je vous le promets ! Je sais aussi que l'Histoire peut être tragique, que rien n'est jamais acquis, que tout ce que l'on croit irréversible, inaltérable, inattaquable peut être à tout moment atteint en son cœur. La crise, le fanatisme, le terrorisme, sans oublier les catastrophes naturelles : nous ne sommes jamais en paix. Le cours de l'Humanité n'est pas tranquille. Il connaît d'inexplicables assèchements, et parfois d'impensables débordements. L'homme d'Etat doit se préparer à tout, c'est-à-dire au pire, et toujours rester vigilant, poursuivre inlassablement le combat qui est le sien pour le progrès, pour la dignité humaine, pour la démocratie, ne pas se laisser détourner pas les mouvements d'humeur, par les modes, par les contournements de l'Histoire, tenir son cap. Je suis un optimiste de la volonté. Je crois que le meilleur est possible, qu'un peuple réuni autour d'un projet commun construit sa propre histoire. Je suis convaincu que les Français attendent aujourd'hui une direction forte, un rassemblement sur l'essentiel, et surtout de la part de celui qui doit les conduire, une considération, un apaisement, un respect, une confiance.
La confiance est un mot qui ne figure pas dans les lois ou dans les règlements, qui ne coûte rien mais qui peut rapporter beaucoup. Elle commande beaucoup de choses. Elle ne résout rien par elle-même, mais elle autorise tout si on sait la saisir. Et c'est pourquoi je veux redonner confiance aux Français.
Deux grandes dates ont marqué ma vie politique, l'une violente, le 21 avril 2002, une blessure que je porte encore sur moi, j'en ai la trace, ce soir terrible ou l'extrême droite, faute de vigilance et de lucidité face à la menace, face à la dispersion, met la Gauche hors-jeu et permet à la Droite de s'installer pour dix ans. J'en ai tiré toutes les leçons. Moi, je ne laisserai pas faire, je ne laisserai pas les ouvriers, les employés, aller vers une famille politique qui n'a jamais rien fait pour servir les intérêts de ces classes-là. Je ne laisserai pas un parti caricaturer les problèmes sans jamais apporter la moindre solution crédible. Je ne laisserai pas une formation politique se présenter comme la voix du peuple alors qu'elle veut simplement se servir de lui. Je ne laisserai pas s'éloigner au nom de la France des citoyens, nos amis, qui peuvent penser que l'ennemi est ici, qu'il a une couleur et une religion, ce qui serait contraire aux principes mêmes de notre République. Je ne laisserai pas utiliser la colère et la détresse pour mettre en cause la République, la construction européenne et les droits de l'homme. Je ne laisserai pas une formation politique réclamer le rétablissement de la peine de mort. Je me battrai, je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour conjurer ce risque et pour éviter que l'élection présidentielle soit tronquée. Parce que ce qu'attendent une grande majorité de nos concitoyens, c'est finalement le choix entre la Gauche et le Droite, c'est-à-dire le choix le plus clair pour permettre à notre pays de faire véritablement la décision.
L'autre date qui reste gravée dans ma mémoire est plus heureuse, c'est le 10 mai 1981. J'avais 26 ans. Je sais ce qu'elle a représenté pour tous ceux qui avaient attenu pendant des décennies, si longtemps donc, ce moment, l'alternance enfin, le bonheur de la victoire. Il y a eu bien sûr d'autres succès pour la Gauche : 1988, 1997, mais ils ne pouvaient pas avoir la même portée. Et pour autant, je ne veux pas verser dans la nostalgie. L'épopée de la Gauche ne peut pas se réduire à des moments exceptionnels : 1936, 1981. Moi, je veux installer la Gauche dans la durée, et si je suis candidat, c'est pour renouer le fil, pour poursuivre la marche, pour mettre en accord la Gauche avec la France. Je veux, amis ici et au-delà, voir votre bonheur le 6 mai, la joie, je veux voir la joie de la conquête, l'enthousiasme de l'audace, et en même temps les débordements de la liberté. Je veux gagner avec vous le droit de présider la France.
Je connais bien notre pays, je l'ai parcouru, sillonné tant de fois, sans jamais me lasser de le découvrir. Je connais ses villes qui changent, qui créent, qui entreprennent, ses espaces façonnés par le travail patient de nos agriculteurs, son espace maritime travaillé par les pêcheurs, ses lieux de production où l'intelligence des salariés se conjugue avec la compétence des ingénieurs. Je n'ignore rien non plus de nos villages où le silence s'est fait et où la vie s'est retirée, je n'ignore rien de ces quartiers de relégation où se mêlent la colère, le désespoir et malgré tout le talent et la volonté de réussir. C'est cette France que je veux avec vous servir.
Comme vous, je connais la gravité de l'heure que nous vivons. Une crise financière déstabilise les Etats, des dettes publiques énormes donnent aux marchés tous les droits. L'Europe se révèle incapable de protéger sa monnaie de la spéculation. Notre propre pays est confronté à un chômage record et s'enfonce dans la récession autant que dans l'austérité. Le doute s'est installé. Je le mesure chaque jour. Il se charge en défiance envers l'Europe et même envers la démocratie. Il se transforme en indignation devant l'injustice d'un système, l'impuissance d'une politique, l'indécence des nantis. Il dégénère en violence privée, familiale, sociale, urbaine, avec cette terrible idée qui s'est installée, qui se diffuse dans notre conscience collective : la marche vers le progrès se serait arrêtée, nos enfants seraient condamnés à vivre moins bien que nous. Eh bien, c'est contre cette idée-là que je me bats. Voilà pourquoi je suis candidat à l'élection présidentielle. Je veux redonner confiance aux Français dans leur vie : la France a traversé dans son histoire bien des épreuves, bien des crises, des guerres, des révolutions, elle les a toujours surmontées, toujours en refusant l'abaissement, la résiliation, le repli, jamais en succombant au conformisme, à la peur, à la loi du plus fort, mais en restant fidèle aux valeurs de la République, en allant puiser en elle-même le courage pour accomplir les efforts, pour défendre son modèle social, pour garder sa fierté en redressant la tête, en regardant lucidement le défi à affronter, en débattant librement et en faisant les choix qui s'imposent.
Il n'y a jamais, je dis bien jamais, une seule politique possible, quelle que soit la gravité de la situation. L'Histoire n'est pas l'addition de fatalités successives, elle nous enseigne qu'il y a toujours plusieurs chemins. La voie que je vous propose, c'est le redressement dans la justice, c'est l'espérance dans la promesse républicaine.
Mais avant d'évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s'engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l'économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d'argent vertigineuses, de menacer des Etats.

Cette emprise est devenue un empire. Et la crise qui sévit depuis le 15 septembre 2008, loin de l'affaiblir, l'a encore renforcée. Face à elle, à cette finance, les promesses de régulation, les incantations du « plus jamais ça » sont restées lettre morte. Les G20 se sont succédés sans résultat tangible. En Europe, 16 sommets de la dernière chance ont été convoqués pour reporter au suivant la résolution définitive du problème. Les banques, sauvées par les Etats, mangent désormais la main qui les a nourries. Les agences de notation, décriées à juste raison pour n'avoir rien vu de la crise des subprimes, décident du sort des dettes souveraines des principaux pays, justifiant ainsi des plans de rigueur de plus en plus douloureux. Quant aux fonds spéculatifs, loin d'avoir disparu, ils sont encore les vecteurs de la déstabilisation qui nous vise. Ainsi, la finance s'est affranchie de toute règle, de toute morale, de tout contrôle.
Disant cela, je ne montre pour autant aucune indulgence sur le quinquennat qui arrive à son terme. Mais là n'est déjà plus la question. Les jugements sont faits. Commencé dans la virevolte, ce quinquennat finit dans la tourmente. Plombé par des cadeaux fiscaux destinés aux plus fortunés, il s'achève par des hausses de prélèvements imposées à tous les Français. Inauguré par une promesse de retour au plein emploi, il se termine par un chômage record. Et que dire des déficits, de la dette, de la désindustrialisation, de la démolition des services publics, notamment de l'école ?
Un seul mot résume cette présidence : la dégradation. Tout s'est dégradé. Je ne parle pas d'une note. Je ne parle même pas des comptes publics. Je parle des conditions de vie, des comportements, tout simplement de la situation du pays. A l'injustice dans les choix, l'incohérence des décisions se sont ajoutés l'accaparement du pouvoir et la connivence avec les puissants, avec ce paradoxe ultime que la volonté d'omnipotence débouche sur un aveu d'impuissance. Voilà pourquoi le changement n'est pas seulement celui d'un président, d'un gouvernement ou d'une majorité. Il faut aller bien plus loin : c'est un changement de politique, de perspective, de dimension qu'il faut offrir à notre pays le 22 avril et le 6 mai.
Si la finance est l'adversaire, alors il faut l'affronter avec nos moyens et d'abord chez nous, sans faiblesse mais sans irréalisme, en pensant que ce sera un long combat, une dure épreuve mais que nous devrons montrer nos armes. Maîtriser la finance commencera ici par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives. Aucune banque française ne pourra avoir de présence dans les paradis fiscaux.
Les produits financiers toxiques, c'est-à-dire sans lien avec les nécessités de l'économie réelle seront purement et simplement interdits. Les stocks options seront supprimées. Et les bonus encadrés Enfin, je proposerai une taxe sur toutes les transactions financières, non pas le rétablissement de l'impôt de bourse, ce qui va être fait et qui a été supprimé il y a quelques mois - c'est vous dire la cohérence ! Non, je proposerai une véritable taxe sur les transactions financières, avec ceux en Europe qui voudront la mettre en œuvre avec nous. Je proposerai aussi, si l'on veut éviter d'être jugés par des agences de notation dont nous contestons la légitimité, de mettre en place au niveau européen une agence publique de notation.
L'autre point par rapport à la finance est européen. La zone euro se défait sous nos yeux. La France doit retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe. Elle imposera de savoir convaincre et entraîner nos partenaires. On me demande souvent : « mais comment allez vous faire pour faire venir vos alliés dans cette Europe, sur les positions que vous défendez, puisque le Président sortant n'y est pas arrivé » ? Mais ce qui va changer, c'est le vote des Français, qui sera notre levier pour convaincre. Les destins de l'Europe et de la France sont liés, la grandeur de la France ne peut pas être séparée de la force de l'Europe. Nous avons besoin d'Europe, elle doit nous aider à sortir de la crise mais pas imposer une austérité sans fin qui peut nous entraîner dans la spirale de la dépression. Les disciplines sont nécessaires, des engagements, devront être pris pour le désendettement et être respectés. Mais c'est la croissance qui nous permettra d'y parvenir le plus sûrement. C'est pourquoi je proposerai à nos partenaires un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance. Je renégocierai le traité européen issu de l'accord du 9 décembre pour lui apporter la dimension qui lui manque, c'est-à-dire la coordination des politiques économiques, des projets industriels, la relance de grands travaux dans le domaine de l'énergie et puis les instruments pour dominer la spéculation, un fonds européen qui puisse avoir les moyens d'agir sur les marchés avec l'intervention de la Banque centrale européenne qui devrait être, finalement, au service de la lutte contre la spéculation. J'agirai en faveur de la création d'euro-obligations afin de mutualiser une partie des dettes souveraines, de financer les grands projets. Je défendrai, parce que c'est le sens du projet européen, une démocratie qui associera les parlements nationaux et européens aux décisions qui devraient concerner les Etats. Je proposerai une nouvelle politique commerciale en Europe qui fera obstacle à la concurrence déloyale, qui fixera des règles strictes en matière sociale, en matière environnementale, de réciprocité. Une contribution écologique sera installée aux frontières de l'Europe pour venir compléter ce dispositif. Je continuerai à agir pour une parité juste de l'euro vis-à-vis du dollar américain. Je n'accepterai pas que la monnaie chinoise soit encore inconvertible alors que cette première puissance commerciale finit par être excédentaire sans que sa monnaie, jamais, ne soit réévaluée.
L'Europe a bien des défauts, je les connais. Mais en même temps elle est notre bien commun. Défendons-la, elle en a besoin, elle le mérite ! Ce qui manque à l'Europe, c'est du mouvement - et c'est un Européen de cœur qui le dit - mais pas dans n'importe quelle Europe : le mouvement vers une Europe de croissance, vers une Europe de solidarité, vers une Europe de protection. C'est la vocation de l'a France que de la construire avec l'Allemagne et avec les pays qui voudront nous accompagner.
Aucun des grands défis de l'Europe ne peut se résoudre sans le pacte d'amitié, dans l'égalité, que Français et Allemands ont noué au lendemain de la guerre. Je proposerai donc à nos amis allemands une nouvelle relation de vérité et d'égalité. De leur côté, ils devront faire preuve de solidarité. L'Allemagne ne restera pas forte dans une Europe faible. Elle ne restera pas riche dans une Europe appauvrie, voilà la vérité. Je sais que beaucoup en Allemagne le comprennent. Mais du nôtre, nous devons faire aussi des efforts, efforts de compétitivité, de justice fiscale. Voilà le pacte qu'il va falloir nouer et ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d'une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays. Voilà pourquoi, en janvier 2013 - c'est tout proche, ce sera quelques mois après le rendez-vous du 6 mai -, si les Français m'en donnent mandat, je proposerai à la chancelière d'Allemagne l'élaboration d'un nouveau traité franco-allemand, traité de l'Elysée un demi-siècle après l'acte fondateur de De Gaulle et d'Adenauer qui engagea une dynamique pour nos deux pays.
Chers amis, je veux redonner confiance à la France dans l'Europe. Je veux maintenant vous dire ce que je veux pour le redressement de notre pays. Ce qui est en cause n'est plus la souveraineté d'hier, quand notre territoire était menacé. Ce qui est en cause, c'est la souveraineté de la République face aux marchés et à la mondialisation. Voilà pourquoi je veux redresser la France, la redresser financièrement, la redresser économiquement, la redresser industriellement. Notre pays a abandonné depuis trop longtemps son industrie, aveuglé par la chimère d'une économie sans usine, sans machine, comme si l'immatériel pouvait remplacer le travail de l'ouvrier, du contremaître, de l'ingénieur et de son savoir-faire. La réindustrialisation de la France sera ma priorité. Je créerai une banque publique d'investissement qui, en complément des fonds régionaux, accompagnera le développement des entreprises stratégiques. Je favoriserai la production en France en orientant les financements et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investissent sur notre territoire, qui y localisent leurs activités, qui y mettent leurs emplois et qui sont en plus offensives à l'exportation. Je mobiliserai l'épargne des Français en créant un livret d'épargne dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes.
J'exigerai des entreprises qui se délocalisent qu'elles remboursent immédiatement les aides publiques reçues. Je donnerai priorité aux PME : ce sont elles qui embauchent, ce sont elles qui doivent être aidées avant tout, c'est pour elles que nous élargirons le crédit impôt recherche, que nous abaisserons l'impôt sur les sociétés, que nous créerons une agence pour les PME. Je soutiendrai l'économie numérique en organisant avec les collectivités locales et les industriels la couverture intégrale de la France en très haut débit d'ici 10 ans.
Le retour de la croissance passe aussi par la transition énergétique. Je me suis engagé à ce que la part du nucléaire dans la production d'électricité soit réduite de 75 % à 50 % d'ici 2025. Nous avons besoin d'une industrie nucléaire forte, inventant les technologies, les progrès de demain, mais nous avons besoin aussi d'énergies renouvelables, nous avons besoin aussi d'un plan d'économies d'énergie parce que ce sont ces trois actions - le nucléaire, les énergies renouvelables et les économies d'énergie - qui nous permettront d'avoir une perspective industrielle. Les économies d'énergie, nous les mettrons en œuvre par un plan de grands travaux : un million de logements neufs et anciens bénéficieront d'une isolation thermique de qualité. Nous créerons des dizaines de milliers d'emplois en améliorant en plus le pouvoir d'achat des ménages, par rapport à leurs frais de chauffage. Enfin, il n'y aura pas de retour à la croissance, pas d'industrie forte sans un effort de recherche et d'innovation. C'est tout notre avenir de nation industrielle qui se joue là. J'ai confiance dans la science, dans le progrès, dans la recherche, dans la capacité des inventeurs à nous donner les produits de demain sans avoir pour autant la crainte pour notre environnement. Parce que la recherche est aussi au service de l'écologie et de l'environnement.
Redresser l'économie, redresser l'industrie, mais aussi redresser les finances. Le niveau de la dette publique n'a jamais été aussi élevé. La dette publique a doublé depuis 2002. 10 ans de droite auront coûté aussi cher que tous les gouvernements réunis de la Ve République. Je n'ai ici pas compté tous les présidents qui se sont succédé mais, quels que soient leurs mérites ou leurs défauts, aucun n'avait été capable de mettre la dette publique à ce niveau-là. Il a fallu attendre 2002 pour avoir cette dérive. Pour maîtriser la dette, je rétablirai l'équilibre budgétaire en fin du mandat qui me sera confié. Pour atteindre cet objectif, je reviendrai sur les cadeaux fiscaux et les multiples niches fiscales accordées depuis une décennie aux ménages les plus aisés et aux plus grosses entreprises. Cette réforme permettra de dégager près de 30 milliards de recettes supplémentaires. Mais dans le même temps, les dépenses de l'Etat seront maîtrisées. Toute nouvelle dépense sera financée par des économies, le nombre total de fonctionnaires n'augmentera pas, mais il sera mis fin à la règle aveugle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Ce redressement, mes amis, est indispensable. Mais il ne sera possible que dans la justice. Chaque nation a une âme. L'âme de la France, c'est l'égalité. C'est pour l'égalité que la France a fait sa révolution et a aboli les privilèges dans la nuit du 4 août 1789. C'est pour l'égalité que le peuple s'est soulevé en juin 1848. C'est pour l'égalité que la IIIe République a instauré l'école obligatoire et l'impôt citoyen sur le revenu. C'est pour l'égalité que le Front populaire a œuvré en 1936. C'est pour l'égalité que le gouvernement du général de Gaulle a institué la sécurité sociale en 1945. C'est pour l'égalité que François Mitterrand a été élu en 1981. C'est pour l'égalité que nous avons fait, avec Lionel Jospin, la couverture maladie universelle et l'allocation personnelle à l'autonomie. C'est pour l'égalité que nous aurons aussi à combattre et à proposer aux Français le changement.
L'égalité, c'est ce qui a permis à un enfant orphelin de père élevé par une mère pauvre, sourde et illettrée, de devenir prix Nobel de littérature. Il s'appelait Albert Camus et, après avoir reçu son prix, il écrivit en ces termes à son vieil instituteur : « ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, sans votre exemple, rien de tout cela ne me serait arrivé. » C'est pour l'égalité que nous devons agir parce que, depuis 10 ans, l'égalité recule partout. Partout, des privilèges apparaissent à mesure qu'une nouvelle aristocratie - j'emploie le mot à dessein - arrogante et cupide s'installe et prospère. 1 % des Français privilégiés se séparent du reste de la société. Ils vivent à côté de nous mais ils ne vivent déjà plus avec nous. Parfois, ils ne vivent même pas chez nous. Une véritable sécession sociale a vu le jour ces dernières années : des quartiers relégués, abandonnés et de l'autre des quartiers protégés, sécurisés pour que nul ne vienne déranger. Je serai le Président de la fin des privilèges parce que je ne peux pas admettre que, pendant ce temps-là, pendant que certains s'enrichissent sans limite, la précarité s'étende, la pauvreté s'aggrave et 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont beaucoup trop d'enfants.
Qu'on m'entende bien, l'égalité, ce n'est pas l'égalitarisme, c'est la justice. L'égalité, ce n'est pas l'assistanat, c'est la solidarité. Les Français n'ont rien à craindre de l'égalité, rien à craindre de la justice, rien à craindre de la redistribution. Les Français doivent savoir que, s'ils m'élisent, je ne poserai comme président qu'une seule question : avant tout effort supplémentaire, avant toute réforme, avant toute décision, avant toute loi, avant tout décret, je ne me poserai qu'une seule question : est-ce que ce que l'on me propose est juste ? Si c'est juste, je le prends, si ce n'est pas juste, je l'écarte. Seule la justice doit guider notre action.
C'est pourquoi j'engagerai avec le Parlement la réforme fiscale dont notre pays a besoin. C'est pour la justice que je reviendrai sur les allègements de l'impôt sur la fortune, c'est pour la justice que je veux que les revenus du capital soient taxés comme ceux du travail. Qui peut trouver normal qu'on gagne plus d'argent en dormant qu'en travaillant ? C'est pour la justice que je veux fusionner, après les avoir rapprochés, l'impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée, dans le cadre d'un prélèvement progressif sur le revenu. C'est pour la justice que je porterai la tranche supérieure à 45 % de l'impôt sur le revenu pour ceux qui touchent plus de 150 000 euros. Et on ne me fera pas croire qu'avec 150 000 euros, ce sont les classes moyennes qui seront concernées ! C'est pour la justice que je veux que nul ne puisse tirer avantage de niches fiscales au-delà d'une somme de 10 000 euros de diminution d'impôts par an.
Je sais que le combat sera rude, qu'on cherchera à faire peur, qu'on inquiètera... Si demain nous sommes en responsabilité, ceux à qui l'on prendra feront davantage entendre leur voix que ceux à qui l'on donnera. Je sais qu'il n'y aura pas de manifestation pour nous soutenir. C'est rare, c'est exceptionnel. Mais il peut y en avoir pour nous contester. Je sais que certains chercheront à nous faire peur et à effrayer les classes moyennes alors qu'elles ne trouveront qu'avantage dans la réforme que nous présenterons, prétendre que les grandes fortunes quitteront notre territoire. Mais est-ce que le bouclier fiscal a fait revenir les grandes fortunes en France ? Non ! Est-ce que le bouclier fiscal les a enrichies plus encore ? Oui ! Est-ce que les impôts de la plupart des Français ont baissé ? Non, ils ont augmenté ! Est-ce que ceux des plus favorisés ont diminué depuis 5 ans ? Oui ! Est-ce que la TVA n'est pas plus inquiétante dès lors qu'elle concernera tous les Français, mille fois oui, elle est plus inquiétante que ce que nous proposons !
Ce n'est pas seulement la réforme fiscale. L'égalité doit concerner tous les domaines de la vie en société. L'égalité doit commencer à faire partir à la retraite ceux qui ont commencé à travailler tôt, exercé les métiers les plus pénibles. Et c'est pourquoi, tout en ayant le souci de maîtriser les comptes et en ouvrant une négociation sur la réforme des retraites indispensable - puisque celle qui a été votée est non seulement injuste mais pas financée -, eh bien sans attendre l'ouverture de cette négociation, tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé 41 années retrouveront le droit à partir à la retraite à taux plein. La négociation, elle, portera sur la pénibilité, les décotes, le montant des pensions, l'âge légal, l'évolution des recettes, indispensable, et la pérennité de notre système par répartition.
L'égalité, c'est aussi le meilleur accès pour tous au logement. Nous manquons de logements en France. Ils atteignent des prix insupportables, et pas simplement dans les grandes villes. Il faut donc plus de logements. C'est pourquoi je prendrai une décision : l'Etat montrera l'exemple, il mettra immédiatement à la disposition des collectivités locales tous ses terrains disponibles pour leur permettre de construire de nouveaux logements dans un délai de cinq ans. Plus de logements, plus de logements sociaux, et c'est pourquoi le Livret A - qui sert à collecter une épargne précieuse pour le logement social-, eh bien le livret A verra son plafond doubler, afin que tous les Français, par leur épargne, puissent financer le logement social.
Il faut plus de logements, plus de logements sociaux, et des logements moins chers. Je sais que cela prendra du temps, mais pour éviter les abus, j'encadrerai les loyers là où les prix sont manifestement excessifs. Il faut des villes plus équilibrées. Et je multiplierai par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes qui bafouent la loi de solidarité urbaine.
L'égalité, l'égalité toujours, l'égalité pour la santé ! Nos professions de santé sont d'une qualité remarquable. J'en fais à chaque fois l'expérience. Leur métier est l'un des plus difficiles qui soient. Sans elles, le système se serait déjà effondré et, en même temps, trop de Français doivent renoncer à se soigner, pour des raisons financières ou pour des raisons de domicile. Les dépassements d'honoraires seront donc encadrés. Nous combattrons les déserts médicaux. Et par un nouveau système de tarification, qui fera la part entre l'activité et le service public, l'hôpital public sera conforté dans ses tâches et dans ses missions. Et je prends l'engagement que personne, je dis bien personne dans notre pays, ne soit à plus d'une demi-heure de transport d'un lieu de traitement des urgences médicales.
L'égalité, l'égalité encore, c'est le même accès pour tous à l'eau, au chauffage, à l'électricité. Il n'est pas, quand même, normal qu'une famille modeste paie l'eau au même prix, quand elle boit cette eau, que ceux qui la déversent sans compter ! Je créerai donc un tarif progressif de l'eau, comme du gaz et de l'électricité, qui garantira, au moins pour un certain volume, un prix stable et juste.
L'égalité, c'est le même salaire quand on a les mêmes compétences et les mêmes responsabilités. Comment la France, comment la République peut-elle accepter que les femmes soient moins bien payées que les hommes ? Les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui ne respectent pas cette règle seront purement et simplement supprimées.
L'égalité, toujours l'égalité, c'est aider les territoires qui en ont le plus besoin et notamment, et je parle ici en Seine Saint-Denis, nos banlieues. Cela veut dire qu'il faudra cesser d'aider de la même façon le quartier difficile d'une ville riche et le quartier difficile d'une ville qui n'a que des quartiers difficiles. Je compte sur tous les élus locaux pour m'accompagner dans ce mouvement. Il n'est pas nécessaire d'être de gauche pour être sensible à la terrible injustice que représente pour des millions de Français la vie dans des immeubles indignes ou dans des cités dégradées.
L'égalité, l'égalité c'est aussi la sécurité pour tous. Vivre dans la peur est insupportable ! L'insécurité est une injustice sociale intolérable. Elle touche les plus modestes, les plus âgés, les plus jeunes, les plus fragiles. La sécurité est un droit et je le ferai respecter en créant des zones de sécurité prioritaires là où il y a les taux de délinquance les plus élevés, en mettant des postes supplémentaires, 1 000 chaque année, dans la Justice, dans la Police, dans la Gendarmerie, en rapprochant les Forces de l'ordre des citoyens. Et je lutterai contre tous les trafics, toutes les mafias. Pas plus que je n'accepte la délinquance financière, la fraude fiscale, pas plus je ne tolère qu'un petit caïd avec sa bande mette une cité en coupe réglée et fasse vivre à ses habitants un enfer. Tous ceux-là, les délinquants financiers, les fraudeurs, les petits caïds, je les avertis : ceux qui ont pu croire que la loi ne les concernait pas, le prochain président les prévient, la République, oui, la République vous rattrapera !
L'égalité, l'égalité toujours, l'égalité ce sont les mêmes droits pour tous, quels que soient son sexe et son orientation, c'est le droit de pouvoir se marier, d'adopter, pour les couples qui en décident ainsi. C'est le droit, pour les personnes handicapées, de vivre la vie la plus normale possible. Et je veillerai à ce que chaque loi comprenne un volet handicap.
L'égalité, c'est aussi l'accès à ce qui est le plus précieux, y compris quand on n'a plus rien, l'émancipation, l'enrichissement, la culture. La culture, Baudelaire l'évoquait : « le meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité, c'est la culture ». Et là encore, nous devons agir. L'éducation artistique sera généralisée, l'aménagement culturel de la France sera une priorité. Il intégrera les territoires oubliés, les zones abandonnées, les quartiers dégradés de nos grandes villes. Et c'est pourquoi nous ouvrirons, là encore, une nouvelle étape de la décentralisation culturelle.
Quant à la loi Hadopi, inapplicable, elle sera remplacée - remplacée je dis bien, car il faut un cadre pour fixer les droits de chacun - par une grande loi signant l'acte 2 de l'exception culturelle, qui défendra à la fois les droits des créateurs, parce que nous avons besoin de créateurs et de production, et un accès aux œuvres par Internet. Nous ne devons pas opposer les créateurs et leurs publics. Le public et les créateurs sont dans le même mouvement pour l'émancipation, pour la découverte, pour la qualité, pour l'exception culturelle française.
Chers amis, je veux citer Pierre Mendès France, qui nous disait que « la vérité doit forcément guider nos pas ». Je vous dois donc la vérité. Je connais les contraintes financières, l'ampleur de nos déficits, la gravité de notre dette, la faiblesse de la croissance en 2012, la lourdeur de l'héritage qui nous sera légué. Je ne promettrai donc que ce que je suis capable de tenir. Je dois maîtriser sans rien renoncer les choses et d'abord le temps.
Le quinquennat s'ouvrira donc sur des réformes de structure, celles qui constitueront un redressement dans la justice, le redressement économique, la réforme fiscale, le pacte éducatif, la décentralisation. Nous traiterons aussi les urgences, l'emploi, et notamment l'emploi des jeunes, le logement, la santé. Mais c'est ensuite que nous pourrons redistribuer ce que nous aurons créé, ce que nous aurons fabriqué, ce que nous aurons engagé, ce que le pays aura pu, par son redressement, favoriser. Voilà les temps qui doivent être proposés.
Mais je ne perdrai pas un seul instant, pas un seul instant, du mandat qui me sera confié.
Sur le plan international, avec le sommet de l'Otan prévu à la fin du mois de mai 2012, nous engagerons le retrait de nos troupes d'Afghanistan. Sur le plan européen, si les Français m'en donnent mandat, mon premier déplacement sera pour rencontrer la Chancelière d'Allemagne et pour lui dire que nous devons ensemble changer l'orientation de l'Europe vers la croissance et dans le lancement de grands travaux.
Ici dans notre pays, sans même attendre le renouvellement de l'Assemblée nationale, j'engagerai, avec les nouveaux ministres et le nouveau gouvernement, les premières mesures contre la finance et pour la réforme bancaire. Pas un instant, nous ne resterons inactifs. Le quinquennat ne sera pas une volte-face, un zigzag, une contradiction. D'ores et déjà, nous savons où nous voulons aller. Nous connaissons les temps, les périodes, les rythmes. Nous avons fixé aux Français l'objectif, mais également les moyens. Nous savons que nous avons des moyens limités, mais que nous avons la volonté ! C'est cette démarche qui convaincra. Et ce n'est pas en improvisant en fin de mandat des mesures politiques, économiques, sociales qui ont tant manqué depuis cinq ans, que les Français pourront être sérieusement convaincus que le changement se fera, pour les cinq ans qui viennent, de ce côté-là.
Je veux vous parler, pour terminer, de notre avenir. L'idée républicaine, c'est une promesse. Une belle promesse, qui est celle de vivre mieux de génération en génération. La promesse républicaine, c'est que chaque génération vivra mieux que la précédente. Et aujourd'hui, cette promesse est trahie. Notre jeunesse est sacrifiée, abandonnée, reléguée. Chômage, précarité, dévalorisation des diplômes, désespérance, perte d'autonomie, accès au logement difficile. Sans compter ce que nous lui laissons, à cette jeunesse, un environnement dégradé, des retraites non financées, une dette considérable. Et pourtant, la jeunesse c'est notre chance ! Comment peut-on accepter que cette chance devienne une charge ? J'ai beaucoup réfléchi, depuis plusieurs mois même, à ce que pouvait être l'enjeu de l'élection présidentielle, au-delà de la crise, du redressement à accomplir, de la justice à réaliser. J'en suis arrivé à cette conclusion simple : c'est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France. Je veux redonner confiance à la jeunesse ! Et c'est la raison pour laquelle je veux faire de l'éducation une grande cause nationale. J'ai proposé de créer 60 000 postes supplémentaires dans l'éducation, pas seulement de professeurs, mais de surveillants, d'infirmières, d'assistantes sociales, de tous ceux qui contribuent à l'accueil, à l'accompagnement, à la réussite des jeunes. On me dit « c'est trop ». Non, je dis « ce n'est peut-être pas assez » ! C'est terrible de mener une bataille contre l'échec scolaire, qui fait chaque année plus de 150 000 victimes, 150 000 qui sortent sans diplôme, sans qualification, de l'école. La priorité ira aux écoles maternelles et primaires parce que c'est là que beaucoup se joue et que les premiers retards se précisent. Les rythmes scolaires qui n'ont aucun équivalent en Europe seront revus. Au collège et au lycée, les élèves les plus en difficulté bénéficieront d'un accompagnement personnalisé, pour qu'à la fin du quinquennat, je dis bien à la fin du quinquennat, le nombre de jeunes qui sortent sans qualification du système scolaire soit divisé par deux. Aucun jeune, aucun jeune de 16 à 18 ans - et je sais ce qu'est la déscolarisation dans beaucoup de nos villes et dans beaucoup de familles -, aucun jeune de 16 à 18 ans ne restera sans solution de formation, d'emploi ou même de service civique. Personne ne sera laissé là, de côté, abandonné, oublié ! C'est pour notre jeunesse que nous devons faire de l'emploi une priorité et créer progressivement 150 000 emplois d'avenir réservés aux jeunes, en particulier ceux issus des quartiers difficiles.
C'est pour les jeunes mais aussi les seniors que j'ai porté cette belle idée du contrat de génération, pour permettre l'embauche de jeunes en contrat à durée indéterminée dès lors qu'ils sont accompagnés par un salarié plus expérimenté, qui lui-même est maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ à la retraite. C'est la réconciliation des âges, c'est la solidarité entre les générations ! Partout où je vais dans les usines, deux sortes de travailleurs viennent me voir. Les plus anciens, qui me posent une seule question : quand est-ce que nous allons partir ? Et les plus jeunes, qui me posent une seule question : quand est-ce que nous allons pouvoir entrer ? Et je leur dis « mais si vous les seniors, vous accompagnez les jeunes, vous leur donnez votre savoir-faire, votre expérience, votre compétence, est-ce que ce n'est pas finalement la plus belle mission qui peut vous être confiée avant d'attendre le départ à la retraite ? Et vous, les jeunes, si vous entrez enfin dans l'emploi avec un contrat à durée indéterminée, vous pouvez retrouver l'autonomie que vous attendez depuis si longtemps ». Je pense aussi aux jeunes qui sont étudiants et dont les familles sont modestes. Ceux-là recevront aussi une allocation d'études sous conditions de ressources pour leur permettre d'avoir l'autonomie.
C'est cela, le projet : faire tout pour que la jeunesse réussisse, non pas pour elle-même, non pas parce qu'elle serait une catégorie, non pas parce que je voudrais la flatter, mais parce que c'est ce qui permet à ceux qui sont parents, grands-parents, de retrouver eux-mêmes espoir dans l'avenir, fierté dans la réussite, de se dire « mais qu'allons-nous laisser, laisser après nous, quelle société voulons-nous transmettre à nos enfants, à nos petits-enfants ? ». Une société du chômage, de la précarité, de l'angoisse, de la dislocation ou, au contraire, une société où les chances soient attribuées, où les conditions de réussite soient posées et où l'on se dise : je vais bientôt partir, que ce soit à la retraite ou pour le grand voyage, je vais bientôt partir mais au moins, je sais que ce qui a été transmis sera finalement, pour la génération qui arrive, la réussite possible que je n'ai même pas eue pour moi-même.
Et moi, moi qui suis devant vous candidat à l'élection présidentielle, si je reçois le mandat du pays d'être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce qu'au terme du mandat qui me sera, si les Français le veulent, confié, est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu'en 2012 ? Je demande à être évalué sur ce seul engagement, sur cette seule vérité, sur cette seule promesse ! Changer leur vie serait pour moi la plus grande des fiertés. Ce n'est pas un engagement à la légère que je prends. C'est pour mobiliser toute la Nation par rapport à cet enjeu.
Chers amis, j'ai parlé du Rêve français. Oui, le beau rêve, le rêve que tout au long des siècles, depuis la Révolution française, les citoyens ont caressé, ont porté. Ce rêve de vivre mieux, ce rêve de laisser un monde meilleur, ce rêve du progrès, ce rêve de pouvoir franchir à chaque fois les étapes de l'humanité, ce rêve ne nous appartient pas qu'en propre, mais il se trouve que c'est nous, la France, qui avons inventé la République. C'est nous qui avons porté cet idéal qu'une société, si elle s'organisait, si elle se donnait les moyens, si elle faisait de l'égalité, de la liberté et de la fraternité son mode de vie, pouvait être l'émancipation pour chacun.
C'est ce rêve-là que j'ai voulu de nouveau ré-enchanter - et aussitôt, la Droite s'est gaussée. Comment, comment serait-il possible de parler de rêve en cette période ? C'est vrai, ce n'est pas un rêve que nous vivons... Comment serait-il possible de parler de rêve au moment où la crise condamnerait toute ambition ? Ce serait une chimère. Mais moi, je ne vous appelle pas à mettre votre tête dans les étoiles. Je vous appelle à retrouver le récit républicain, celui qui nous a fait avancer pendant des décennies, le récit de la Révolution française, de ces hommes, de ces femmes aussi, qui ont voulu avancer dans une histoire inconnue qui s'ouvrait sous leur yeux, qui était l'histoire de l'égalité humaine.
Oui, ce récit républicain qui s'est poursuivi avec les républiques, avec la IIIe République, avec, aussi, la Libération, le Conseil national de la résistance, ce rêve, ce récit républicain que mai 68 a aussi, d'une certaine façon, fait ressurgir ! Et puis, mai 1981 et tant d'autres étapes. C'est cela, le récit de la République. Il n'appartient pas qu'à la Gauche. Tous ceux qui se sont succédé pendant des décennies à la tête du pays ont porté le récit républicain. A chaque fois, et quels que fussent les reproches que nos prédécesseurs aient pu leur adresser, c'était, finalement, leur ambition aussi, faire avancer la France. Alors le rêve, surtout, portons-le !
Et je me permettrai de citer Shakespeare, qui rappelait cette loi pourtant universelle : « ils ont échoué parce qu'ils n'ont pas commencé par le rêve ». Eh bien nous réussirons parce que nous commencerons par évoquer le rêve ! Le rêve français, c'est la confiance dans la démocratie, la démocratie qui sera plus forte que les marchés, plus forte que l'argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions ! Le rêve français, c'est l'achèvement de la promesse républicaine autour de l'école, de la laïcité, de la dignité humaine, de l'intérêt général.
Le rêve français, c'est le creuset qui permet à toutes les couleurs de peau d'être à égalité de droits et de devoirs. Le rêve français, c'est l'affirmation des valeurs universelles qui vont bien au-delà des frontières, qui vont bien au-delà de la Nation. Ce n'est pas un espace limité, mais qui est proclamé à tous, à la face du monde. Le rêve français, c'est notre histoire, c'est notre projet ! Le rêve français, c'est une force, c'est le projet que je vous propose, parce qu'il nous ressemble, parce qu'il nous rassemble !
Je veux, je veux que nous allions ensemble vers la France de demain ! Une France du travail, du mérite, de l'effort, de l'initiative, de l'entreprise, où le droit de chacun s'appuiera sur l'égalité de tous. Une France de la justice, où l'argent sera remis à sa place, qui est celle d'un serviteur et non d'un maître. Une France de la solidarité, où aucun des enfants de la Nation ne sera laissé de côté. Une France du civisme, où chacun demandera non pas ce que la République peut faire pour lui, mais ce que lui, peut faire pour la République ! Une France de la diversité où chacun apportera sa différence, mais dans l'unité de la République, où les Outre-mers nous ouvrent à tous les horizons du monde et où les enfants d'immigrés doivent être fiers, fiers d'entre Français, Français, parce que c'est le plus beau nom qu'on puisse donner à un citoyen du monde, à une France de l'exemple, où le pays se retrouve dans ce qui l'élève, dans ce qui le réunit, le dépasse, une France de la confiance où toutes les forces qui la constituent se mobilisent pour l'avenir !
La France, la France n'est pas un problème. La France est la solution !
Voilà le choix, chers amis, voilà le choix qui vous attend. Toujours le même, toujours celui, depuis que la démocratie existe, entre la peur et l'espoir, entre la résignation et le sursaut, entre l'agitation et le changement. Eh bien le changement, le changement, c'est maintenant ! Le redressement, c'est maintenant ! La justice, c'est maintenant ! L'espérance, c'est maintenant ! La République c'est maintenant !
Mobilisons-nous, rassemblons-nous et dans trois mois, dans trois mois, nous ferons gagner la Gauche, avancer la France et nous réussirons le changement ! Le changement, j'y suis prêt !
Vive la République ! Et vive la France !

From The Grown Up Kids 

Friday, May 4, 2012

May 4, 1970: The Kent State Murders


Uploaded by  on Aug 19, 2011


A sampling of comments posted below this video over at YouTube:


"My best CSNY cut. Recorded totally live in Los Angeles. David Crosby cried after this take".
(Neil Young from the liner notes of his Decade album)


Did anyone go to jail over the killing of the 4 students?


kids who can't afford school these days are still being killed not for protesting a war but for participating in an illegal one...sad....
It was an unfortunate event, nobody should have died. Having said that the students did bring it upon themselves. The crowd vastly outnumbered the troops and the students were throwing rocks, tear gas canisters, etc. at the troops. The troops were trying to drive the students off campus but a chain link fence stopped the students from going any further (unknown by the troops). Believing the crowd was defiant and that they had lost control the troops fired into the crowd without a given order

in 1970 i was working in a factory, just 19, distant from the cauldrons of student turmoil. yet, i worked with older men who had sons and daughters on campus', and son's in viet nam. i will never forget the shear, utter outrage that rose in them when these murders took place. the total disbelief that the us government would unleash it's guns on students.

  • I was in my Junior year in high school when I heard about on Huntley /Brinkey....
  • Same here; I remember it vividly. Pointless deaths protesting a pointless war (except for those in the military hardware business).
    But those four deaths probably did more to shine a light on what was wrong with the government than the comparatively anonymous deaths of our peers in the meat grinder that was southeast Asia.
    If you haven't yet, visit the Vietnam Vets Memorial in DC. All those names; 58,000 of our generation, etched in granite, lost forever... for what?



the kids that were killed probably had rich parents,didn't have to work,lived off mommie and daddy and protested the war.they got what they deserved.fucking commies i love our soldiers
nixon: this bastard president who died a hopelessly insane alchoholic, still takes his toll on american youth thru his hatred of marijuana users and starting his unmerciful genocide war of the plant and the user - pushed by reagan who died brainless - so maybe there is some justice afterall - Karma sucks when youre evil!

I remember when the Kent shootings happened. I was attending Eastern Michigan U. in Ypsilanti. We had a protest that night or a little later. They brought out National Guard and big dogs to chase us off. We were being peaceful, too. My teenage years and early adult years were years of deaths and tragedy. Has it changed?

Those Hippies brought it upon themselves.
it wasn't a peaceful protest.
they were burning down buildings and throwing stuff at the soldiers.
  • honestly its fucking sad ive spent hours of my life teaching my fellow friends about this music they dont fucking understand it
  • In order to see the same scenery, one must travel in the same direction as the passenger. If they don't like or understand it's their choice.The world has changed, the people have changed, the music has changed and that's fine for everyone else. In my humble opinion, nothing will ever be even close to "normal" anymore!
    Let's not forget the massacre at Attica State Prison. They killed the innocent with the guilty.

It's all there in The Prince, do not be surprised by the corruption of politicians and bureaucrats, don't ignore our own complicity. As a democracy, The People are supposed to be the guardians of our own liberty, elites figured out (in keeping with Machiavelli) that the illusion of popular sovereignty is enough to co-opt the majority, who would then ridicule the "malcontents" decrying the system. And that is exactly what has happened: bribed, cajoled, and/or coerced into accepting their program.
Ayer como hoy , yanquis fascistas hijos de puta cobardes
If they had just let JFK live, all this could have been avoided. He was planning a full withdrawal after being elected to a second term as President. Nixon and co knew it and decided to take matters in their own hands. Then they killed RFK because he would have ended the war for sure. This is the result. In a book written before he died Sec of Defense Robert McNamara admitted the Gulf of Tonkin incident NEVER HAPPENED. A ten year long war based on a lie. sound familiar???
How can we forget the one shocking photo that appeared on ever front page right across the country.
On 40th Anniversary of Kent State Shootings, Truth Tribunal Seeks Answers:



"We hear from some of the survivors, and we speak with Laurel Krause, the sister of Allison Krause, one of the four students killed, who is directing the Kent State Truth Tribunal."

Transcript

SHARIF ABDEL KOUDDOUSToday marks the fortieth anniversary of the Kent State shootings. On May 4th, 1970, National Guardsmen opened fire on hundreds of unarmed students at an antiwar rally at Kent State University in Ohio. The students were protesting the US invasion of Cambodia, which was announced by President Nixon on April 30th. The Guardsmen fired off at least sixty-seven shots in roughly thirteen seconds. Four students were killed and nine others wounded. The four students shot dead were Allison Krause, Jeffrey Miller, William Schroeder, and Sandra Scheuer, all between the ages of nineteen and twenty-one. To this day, no one’s been held accountable for what happened. For the survivors of Kent State, the events of May 4th, 1970 remain unresolved even four decades later. 
AMY GOODMANTo mark the anniversary, commemoration events are being held at Kent State, including a candlelight vigil and march in the commons, as well as a truth tribunal, which we’ll talk about in a few minutes. But first we want to go back to May 4th, 1970 and hear from the survivors about what happened on that day. Alan Canfora was a student at Kent State forty years ago and took part in the antiwar protest. He ended up being shot in the wrist. Last year I spoke with Alan Canfora as he took me around the campus. I asked him what happened. 
    ALAN CANFORAMy name is Alan Canfora. I was a member of the Kent State Students for a Democratic Society in 1968, ’69. Forty years ago, we raised hell on this campus. We planted the seeds of revolt, which blossomed a year later, when four days of protests culminated with the shootings by the National Guard. Only bullets could silence our voices here at Kent State in 1970.
    AMY GOODMANWhat did you do?
    ALAN CANFORAWell, we protested vigorously for four days, including turmoil in downtown Kent, where forty-three bank windows were broken on Friday night, May 1st. Saturday night, the ROTC building was burned to the ground. That brought in 1,200 National Guardsmen.
    And on Monday, May 4th, they attacked a peaceful gathering of students, about 300 of us gathered on the commons. And they fired teargas. They chased us over a hill, and they marched back up the hill. And at the peak of the hilltop is where there was a verbal command to fire. One guard officer shouted, “Right here! Get set! Point! Fire!” And they fired sixty-seven gunshots down the hill that killed four students, and they wounded nine, including me. I got shot through my right wrist 225 feet away.
    AMY GOODMANAnd explain what you saw when you were standing there.
    ALAN CANFORAWell, I saw the Guardsmen reach the hilltop, and we expected that they were just retreating. It looked like they were going away, back over the hill where they had come from. But suddenly, at the hilltop, out of seventy-six Guardsmen, only about a dozen from Troop G stopped, turned. They began to fire. They continued to fire for thirteen seconds. The closest student was sixty feet away. He was wounded. Another student ninety feet away was wounded. I was near the bottom of the hill with my roommate. We were both shot and injured. And then, behind us, in a parking lot, is where all of the four students were killed, at distances of between 265 and 400 feet. So it was nothing but a slaughter. They fired into the distant parking lot, because that’s where the most radical and vocal students were gathered.
    AMY GOODMANAnd were you shot first?
    ALAN CANFORAI think I was. I think I was the first student shot. I was waving a black flag of protest that day. I carried that black flag as a symbol of my despair and my anger, because only ten days earlier I attended my friend’s funeral. He was killed in Vietnam at age nineteen. So that was very fresh in my memory, and that’s why I joined the protests and I helped lead the protests May 1st through 4th in 1970. And that’s what led to me being shot.
AMY GOODMANThat was Alan Canfora, one of those shot at Kent State. 
To tell the story of what happened forty years ago, we turn to a documentary that includes interviews with students and National Guardsmen who were there. This is an excerpt of Kent State: The Day the War Came Home. It begins with former Kent State student, Joe Lewis. 
    JOE LEWISSuddenly and without any warning, several of them in the lead wheeled and leveled their rifles back towards my direction. I took it to be a threatening gesture. And so, being eighteen and foolish, I gestured back at them by raising the middle finger of my right hand.
    PROTESTERAnd at this point, it’s like a film playing in slow motion for me.
    FIRST GUARDSMANI heard the word “fire.” I believe that that was a situation of, “Hold your fire, do not fire.”
    SECOND GUARDSMANAt that point, the Guardsman on my right fired his weapon.
    FIRST GUARDSMANWithin, again, milliseconds of that single report, the volley itself began.
    PROTESTERI started screaming, “They’re shooting their guns! They’re shooting their guns!”
    MARY VECCHIOIt hit us all, I’m sure, at that moment. They’re trying to kill us.
    FIRST GUARDSMANI had a person targeted. I pulled the slack out of the trigger —-
    SECOND GUARDSMANI assumed that we were firing warning shots, and I fired my weapon in the air.
    JOHN CLEARYI jumped on the ground, praying I wouldn’t get hit.
    FIRST GUARDSMANHundreds of people were falling on the ground. And I believe that many of them were being hit.
    ALAN CANFORAThere was one tree near me, which was right in the line of fire, and as I got behind the tree at the last second, before my arm reached the safety of the tree, that’s when I was hit.
    JOHN CLEARYThe next thing I know, I got hit just below the shoulder blade in the back on the left side.
    FIRST GUARDSMANThat person that I had targeted was standing in front of me yelling, “Shoot me, mother [bleep], shoot me!”
    SECOND GUARDSMANEverybody else is running away, and there’s this one male coming towards us. His right hand was in the upward position giving an obscene gesture, and his left hand was somewhat behind his back.
    FIRST GUARDSMANMy mind was racing. My mind was telling me that this is wrong, that this is not right.
    JOE LEWISI was giving an obscene gesture for the first time that day, but I wasn’t screaming, and I wasn’t moving.
    FIRST GUARDSMANThis is not right. This is not right. This is not right.
    SECOND GUARDSMANAt that point, I felt that I was in jeopardy, and I fired on the individual, and he dropped.
    JOE LEWISAnd I believe someone said that they heard me say, “Oh, my god, they shot me!”
    SECOND GUARDSMANThe next thing that I remember was there was an order from the rear of where we were, someone yelling to cease fire, which it stopped immediately.
    NARRATORThe shooting lasts a total of thirteen seconds. A total of sixty-seven bullets are fired. One of those bullets has passed through the wrist of Alan Canfora.
    ALAN CANFORAIt was kind of an eerie calm, just for a split second. We waited to hear if there were any more bullets that were going to be fired, and there were none. And then, all you could hear in the air after that was screaming, crying, people shouting for ambulances.
    PROTESTERStay back! Stay back!
    SECOND GUARDSMANAnd we were told to return to the commons area, and that’s when we went back down the hill and back across the commons to where we originally started at our staging point.
    FIRST GUARDSMANWe had no clue as to how many people were hurt. Our fear was that it was awful.
    NARRATORDean Kahler lays face down on the practice field. A bullet has passed through his spine, paralyzing him for life.
    JOHN CLEARYThat’s one thing I’ll never forget about that day, just seeing the looks on the faces of the students who were standing over me, not knowing that there was twelve other people out there shot, four of them bleeding profusely, lying dying on the ground.
    NARRATORJoe Lewis lays bleeding with two bullet wounds, one through his abdomen and one through his left leg.
    JOE LEWISI thought to myself, “Well, this could be it.” And I was afraid that I was going to die, and so I made an act of contrition, to say that I was sorry for my sins, and -—
    MARY VECCHIOAnd I saw a girl being carried into the yard at Prentice Hall, and I ran over there with this rag thinking I could help someone, and I looked down, and it was Sandy. Sandy was a friend, and she was so blue and gray. She had been shot in the jugular vein, and I didn’t even recognize her.
    ALAN CANFORAAnd she was killed within seconds as she walked to her class, 400 feet away from the triggermen.
    PROTESTERI remember the first person I saw was Jeffrey Miller, and he was lying very still.
    NARRATOROne of the first to reach Jeff Miller’s body is fourteen-year-old runaway Mary Vecchio, who only a short time earlier had been protesting with him on the commons.
    MARY VECCHIOI thought it was Alan. I mean, I’ll never forget running toward the body of Jeff Miller, thinking it was Alan, and how I felt when I looked down and saw Jeff lying in this pool of blood. And there was so much blood.
    PROTESTERAnd we walked over toward another cluster of people, and they were standing around Bill Schroeder.
    ALAN CANFORABill Schroeder was an ROTC military science student. He was the all-American boy. He was not a protester, not a radical, not part of the demonstration. He was just there watching.
    BARRY LEVINEShe [Allison Krause] said, “Barry, I’m hit.” And I had no idea what that meant at the time. I mean, in split seconds, I knew, but I didn’t know. And “It couldn’t be. It’s impossible. What do you mean you’re hit?” As I went to stroke her cheek, I saw a smudge of blood on her cheek. And it had come from my hand, which was underneath her. So I realized at that point she had been shot in the back and she was bleeding. And as it turns out, she was dying.
SHARIF ABDEL KOUDDOUSAn excerpt of the documentary Kent State: The Day the War Came Home, directed by Chris Triffo and produced by Ron Goetz. That was Barry Levine talking about Allison Krause, one of the four students killed that day. 
AMY GOODMANWe go now live to Kent State, where we’re joined by Laurel Krause, Allison’s sister. She is the director of the Kent State Truth Tribunal, which has been taking place on the campus for the last three days and convened by family members of students killed at Kent State in order to record and honor the stories of those directly affected by the shootings. 
Laurel Krause, you’re right there on the campus of Kent State. Can you describe what you’ve been doing over these last few days, this Kent State Truth Tribunal? 
LAUREL KRAUSEWell, we’ve been welcoming the original participants and witnesses of the 1970 Kent State shootings. They’ve been coming forward, and we’ve been live-casting as well as asking them to answer questions at laptops. We have questions that were created with the help of the Greensboro, North Carolina tribunal related to the KKK and the killing of five, as well as the Center for Transitional Justice. They helped us come up with questions that were neutral, so that we could get to the truth of what really happened, because we don’t know. 
SHARIF ABDEL KOUDDOUSAnd Laurel, how old were you when your sister Allison was killed? And talk about the legal battle that your family fought for for years. 
LAUREL KRAUSEWell, I was in ninth grade, coming home from school when some neighbors came up to me and said that I should call my parents, because there had been news reporters on the street and that Allison had been hurt at Kent. And so, I immediately called my mom, and I learned that she was on her way home immediately. She whisked home, and we then spent a long time on the phone — she did — trying to find out, but all the phone lines were blocked. There were no cell phones or anything like that then. And we later learned that from the Ravenna Robinson Memorial Hospital that she was DOA, and that’s how they said it to us. 
Right the next day, my father, Arthur Krause, and my mother, Doris Krause, went forward and started a legal fight to learn — you know, actually against the state of Ohio, the governor, National Guard, and everyone responsible for what happened. And that court battle lasted — went all the way through and up to the Supreme Court, in order to have the right to sue Ohio, and then back at the beginning again, over ten years. We finally took it to the Ninth Circuit Court and settled with a statement of regret, and our family received $15,000 for the — related to the death of my sister Allison.
AMY GOODMANLaurel, what are you calling for now? 
LAUREL KRAUSEWell, actually, I’m calling for the truth to be known for the first time. It’s my feeling and the feeling of everyone that’s joining us in our truth tribe — that’s what we’re calling it — basically, we want to hear from the people that were on that hill, because we know that they know what happened. And that includes National Guard, state, federal and civil people, civil servants, related to making decisions, bad decisions. We’d like to hear their stories, as well. I’m personally calling for any National Guardsman to please come forward in our final day, May 4th. Please come and share your truth. You’ll be respected. We want to hear your truth. You can have anonymity. We have a wonderful setup. It’s a healing environment. We’d like you to share your truth and let us know what happened and what made you pull that trigger and kill my sister and three others, and wounding of nine, on May 4th, 1970. 
AMY GOODMANLaurel Krause, we want to thank you very much for being with us, standing in the parking lot where her sister was killed forty years ago today, Allison Krause.

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The Timeline [from Wikipedia]

Thursday, April 30

President Nixon announced to the nation that the "Cambodian Incursion" had been launched by United States combat forces.

[edit]Friday, May 1

At Kent State University a demonstration with about 500 students[10] was held on May 1 on the Commons (a grassy knoll in the center of campus traditionally used as a gathering place for rallies or protests). As the crowd dispersed to attend classes by 1 pm, another rally was planned for May 4 to continue the protest of Nixon's expansion of the Vietnam War into Cambodia. There was widespread anger, and many protesters issued a call to "bring the war home." As a symbolic protest to Nixon's decision to send troops, a group of students watched a graduate student burning a copy of the U.S. Constitution while another student burned his draft card.
Trouble exploded in town around midnight when people left a bar and began throwing beer bottles at cars and breaking downtown store fronts. In the process they broke a bank window, setting off an alarm. The news spread quickly and it resulted in several bars closing early to avoid trouble. Before long, more people had joined the vandalism and looting.
By the time police arrived, a crowd of 120 had already gathered. Some people from the crowd had already lit a small bonfire in the street. The crowd appeared to be a mix of bikers, students, and transient people. A few members of the crowd began to throw beer bottles at the police, and then started yelling obscenities at them. The entire Kent police force was called to duty as well as officers from the county and surrounding communities. Kent Mayor LeRoy Satrom declared a state of emergency, called Ohio Governor Jim Rhodes' office to seek assistance, and ordered all of the bars closed. The decision to close the bars early increased the size of the angry crowd. Police eventually succeeded in using tear gas to disperse the crowd from downtown, forcing them to move several blocks back to the campus.[7]

[edit]Saturday, May 2

City officials and downtown businesses received threats while rumors proliferated that radical revolutionaries were in Kent to destroy the city and university. Mayor Satrom met with Kent city officials and a representative of the Ohio Army National Guard. Following the meeting Satrom made the decision to call Governor Rhodes and request that the National Guard be sent to Kent, a request that was granted. Because of the rumors and threats, Satrom believed that local officials would not be able to handle future disturbances.[7] The decision to call in the National Guard was made at 5:00 pm, but the guard did not arrive into town that evening until around 10 pm A large demonstration was already under way on the campus, and the campus Reserve Officer Training Corps (ROTC) building[11]was burning. The arsonists were never apprehended and no one was injured in the fire.[12] More than a thousand protesters surrounded the building and cheered its burning. Several Kent firemen and police officers were struck by rocks and other objects while attempting to extinguish the blaze. Several fire engine companies had to be called in because protesters carried the fire hose into the Commons and slashed it.[13][14][15] The National Guard made numerous arrests and used tear gas; at least one student was slightly wounded with a bayonet.[16]

[edit]Sunday, May 3

During a press conference at the Kent firehouse, an emotional Governor Rhodes pounded on the desk[17] and called the student protesters un-American, referring to them as revolutionaries set on destroying higher education in Ohio. "We've seen here at the city of Kent especially, probably the most vicious form of campus oriented violence yet perpetrated by dissident groups. They make definite plans of burning, destroying, and throwing rocks at police, and at the National Guard and the Highway Patrol. This is when we're going to use every part of the law enforcement agency of Ohio to drive them out of Kent. We are going to eradicate the problem. We're not going to treat the symptoms. And these people just move from one campus to the other and terrorize the community. They're worse than the brown shirts and the communist element and also the night riders and the vigilantes", Rhodes said. "They're the worst type of people that we harbor in America. Now I want to say this. They are not going to take over [the] campus. I think that we're up against the strongest, well-trained, militant, revolutionary group that has ever assembled in America."[18] Rhodes can be heard in the recording of his speech yelling and pounding his fists on the desk.[19][20]
Rhodes also claimed he would obtain a court order declaring a state of emergency that would ban further demonstrations and gave the impression that a situation akin to martial law had been declared; however, he never attempted to obtain such an order.[7]
During the day some students came into downtown Kent to help with cleanup efforts after the rioting, which met with mixed reactions from local businessmen. Mayor Satrom, under pressure from frightened citizens, ordered a curfew until further notice.
Around 8:00 pm, another rally was held on the campus Commons. By 8:45 pm the Guardsmen used tear gas to disperse the crowd, and the students reassembled at the intersection of Lincoln and Main Streets, holding a sit-in with the hopes of gaining a meeting with Mayor Satrom and President White. At 11:00 p.m., the Guard announced that a curfew had gone into effect and began forcing the students back to their dorms. A few students were bayoneted by Guardsmen.[21]

[edit]Monday, May 4

On Monday, May 4, a protest was scheduled to be held at noon, as had been planned three days earlier. University officials attempted to ban the gathering, handing out 12,000 leaflets stating that the event was canceled. Despite these efforts an estimated 2,000 people gathered[22] on the university's Commons, near Taylor Hall. The protest began with the ringing of the campus's iron Victory Bell (which had historically been used to signal victories in football games) to mark the beginning of the rally, and the first protester began to speak.
Companies A and C, 1/145th Infantry and Troop G of the 2/107th Armored Cavalry, Ohio Army National Guard (ARNG), the units on the campus grounds, attempted to disperse the students. The legality of the dispersal was later debated at a subsequent wrongful death and injury trial. On appeal, the United States Court of Appeals for the Sixth Circuit ruled that authorities did indeed have the right to disperse the crowd.
The dispersal process began late in the morning with campus patrolman Harold Rice,[23] riding in a National Guard Jeep, approaching the students to read them an order to disperse or face arrest. The protesters responded by throwing rocks, striking one campus Patrolman and forcing the Jeep to retreat.[7]
Just before noon, the Guard returned and again ordered the crowd to disperse. When most of the crowd refused, the Guard used tear gas. Because of wind, the tear gas had little effect in dispersing the crowd, and some launched a second volley of rocks toward the Guard's line, too distant to have any effect, to chants of "Pigs off campus!" The students lobbed the tear gas canisters back at the National Guardsmen, who wore gas masks.
When it was determined the crowd was not going to disperse, a group of 77 National Guard troops from A Company and Troop G, with bayonets fixed on their M-1 rifles, began to advance upon the hundreds of protesters. As the guardsmen advanced, the protesters retreated up and over Blanket Hill, heading out of The Commons area. Once over the hill, the students, in a loose group, moved northeast along the front of Taylor Hall, with some continuing toward a parking lot in front of Prentice Hall (slightly northeast of and perpendicular to Taylor Hall). The guardsmen pursued the protesters over the hill, but rather than veering left as the protesters had, they continued straight, heading down toward an athletic practice field enclosed by a chain link fence. Here they remained for about ten minutes, unsure of how to get out of the area short of retracing their path (an action some guardsmen considered might be viewed as a retreat)[citation needed]. During this time, the bulk of the students congregated off to the left and front of the guardsmen, approximately 150 ft (50m) to 225 ft (75m) away, on the veranda of Taylor Hall. Others were scattered between Taylor Hall and the Prentice Hall parking lot, while still others (perhaps 35 or 40) were standing in the parking lot, or dispersing through the lot as they had been previously ordered.
While on the practice field, the guardsmen generally faced the parking lot which was about 100 yards away. At one point, some of the guardsmen knelt and aimed their weapons toward the parking lot, then stood up again. For a few moments, several guardsmen formed a loose huddle and appeared to be talking to one another. The guardsmen seemed to be unsure about what to do next. They had cleared the protesters from the Commons area, and many students had left, but some stayed and were still angrily confronting the soldiers, some throwing rocks and tear gas canisters. About ten minutes later, the guardsmen began to retrace their steps back up the hill toward the Commons area. Some of the students on the Taylor Hall veranda began to move slowly toward the soldiers as the latter passed over the top of the hill and headed back down into the Commons.
At 12:24 pm,[1] according to eyewitnesses, a Sgt. Myron Pryor turned and began firing at the students with his .45 pistol.[24] A number of guardsmen nearest the students also turned and fired their M1 Garand rifles at the students. In all, 29 of the 77 guardsmen claimed to have fired their weapons, using a final total of 67 rounds of ammunition. The shooting was determined to have lasted only 13 seconds, although John Kifner reported in the New York Times that "it appeared to go on, as a solid volley, for perhaps a full minute or a little longer."[25] The question of why the shots were fired remains widely debated.

The shootings killed four students and wounded nine. Two of the four students killed, Allison Krause and Jeffrey Miller, had participated in the protest, and the other two, Sandra Scheuer and William Knox Schroeder, had been walking from one class to the next at the time of their deaths. Schroeder was also a member of the campus ROTC battalion. Of those wounded, none was closer than 71 feet to the guardsmen. Of those killed, the nearest (Miller) was 265 feet away, and their average distance from the guardsmen was 345 feet.